Dimanche 08 avril 2018
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Les Laves - 46 km - 1700m D+
Nouvelle destination, intitulé interloquant, distance "raisonnable" pour ce début de saison : tous les éléments étaient réunis pour qu'on se "jura" d'y aller !
Lons-le-Saunier, 05h00 de route, au cœur du Jura. Bien connue surtout par un de ses personnages célèbres, où il est né : Claude Joseph Rouget de Lisle (1760 - 1836), auteur de La Marseillaise.
Les Reculées, qu'est-ce donc ? Les reculées sont des vallées étroites et profondes bordées de falaises et de hautes parois abruptes qui se terminent en cul de sac et à la base desquelles on trouve toujours une grotte ou un réseau souterrain d'où sort une résurgence, donnant naissance à un cours d'eau qui occupe ensuite le fond de la vallée. Les reculées les plus spectaculaires se situent aux Planches-près-Arbois, à Baume-les-Messieurs, à Blois-sur-Seille et Ladoye-sur-Seille. (sce Wikipédia)
Et Beaume-les-Messieurs, se situe sur le parcours, au km24.
La météo s'annonce au beau fixe, ce qui n'est pas pour nous déplaire, avec cet hiver qui tire en longueur.
Arrivée sur la place centrale, Place de la Liberté, parking facile, tout près. Retrait des dossards, ça sent la belle organisation et la convivialité. T-shirt, tour de cou en cadeau. C'est rapide et sans chichis.
Ah, ben , nous sommes les 2 seuls belges sur cette distance...
Petit village trail, sympa. Nombreuses terrasses, prises d'assaut par ce beau temps.
Nous logeons dans un gîte de bonne facture, recommandé par l'organisation, à tarif avantageux, à quelques petits kms de là, à Conliège, où nous passerons d'ailleurs demain en courant (km 6).
Repas du sportif copieux (pâtes bolo) et petit café (trop corsé pour moi..). D'ailleurs, je dormirai très mal, digestion difficile. Ce n'est pas courant pourtant..
Réveil difficile à 05h30, petit-déj à 6h. Je n'ai pas très faim ....
Sur l'aire de départ vers 07h00. L'ambiance est bon enfant. Il fait relativement doux.
Le speaker fait monter l'ambiance, avec un échauffement collectif d'environ 10min, en compagnie de Casimir. C'est très gai, et ça permet de partir directement dans son rythme. Nous y participons activement. Un peu plus de 300 coureurs se pressent petit à petit vers l'arche de départ. Non, ce n'est pas la rouge, c'est la noire au bout de la ruelle..Ah, bon !
07h30: le départ est donné sous une pluie ... de paillettes. Enfin...pour les premières lignes, mais c'est l'intention qui compte.
D'abord roulant, en ville, pour rejoindre assez vite un joli parc, et nous zigzaguons en petit sentier, la 1er côte de Montaigu, prairie, et petit bois.
Nous arrivons assez vite au km6, à Conliège, où nous déambulons le long de vieux murs historiques pour arriver au premier ravitaillement près de l'église et la mairie. Ravito que nous zappons.
Le soleil monte gentiment et nous réchauffe de ses rayons ardents. Ah, enfin, un peu de chaleur !!
Nous rejoignons les bois, puis nouvelle montée jusqu'à s'enfoncer dans une muraille, qui nous amène sous la colline via un tunnel en pente, agrémenté de quelques marches...100, en fait ! En plusieurs paliers, et dans le noir complet... J'en profite pour "flasher" quelques photos, ce qui donne un peu d'éclairage pour se repérer..
La sortie donne sur un sentier montant, en tranchée (c'est pas Verdun, pourtant...😀), pour faire une boucle jusqu'à la "voie verte", une ancienne voie ferroviaire. En pente douce montante, puis 2 tunnels, puis on bifurque juste avant le pont métallique, vers le relief.
Un petit passage technique, suivi d'un long et agréable sentier en crête en forêt. Très belle vue sur la vallée.
Descente, montée, mono-traces, escaliers, falaises, ça s'enchaine bien et c'est très sympa. Notre rythme est bon, nous ne sommes pas gênés et pouvons nous régaler à notre guise !!
Ermitage, km 14, 2e ravitaillement. Là, nous sommes rejoints par le parcours des 34km. Ça fait tout de suite plus de monde..
La vue est belle sur la vallée. Ravito copieux et varié, j'en profite pour grignoter un peu. A chaque gorgée que je bois, cela me reste sur l'estomac et me donne le brûlant. C'est la première fois que cela m'arrive. Céline me dit que c'est le café qui était trop fort et/ou la sauce bolo trop grasse.... En attendant, cela me perturbe...
Finalement, le "peloton" s'étire assez vite, et nous abordons quelques passages plus larges qui nous permettent de doubler. Ben oui, ça roule bien... Cette portion se fait en crête, plus plate et plus roulante, mais avec de beaux passages variés.
Soudain, wouahhhh !! Une vue époustouflante, grandiose !! La reculée !! Nous passons tout en haut, à son extrémité "cul-de-sac" ! Je fais un arrêt photos.
Nous y plongeons alors via un escalier irrégulier, tournant et très glissant. Prudence sur cette belle descente, qui nous amène au pied d'une cascade du "tonnerre de Dieu" !!. Arrêt photos obligé, c'est trop beau !! Céline en profite pour prendre un peu les devants....
Nous longeons alors le cours d'eau mini-torrent, qui sort de la colline. C'est un sentier très rocailleux avec racines, c'est assez technique et glissant. Je me régale.
En fond de vallée, nous atteignons l'Abbaye de Baume les Messieurs (village classé comme l'un des plus beaux de France). Petit embouteillage à l'entrée, Céline me précède. Nous traversons un bâtiment via un escalier pour atteindre la cour de l'abbaye.
Je suis ébloui par la beauté des lieux, vois le panneau de séparation des parcours et m'engage donc vers la droite comme indiqué, tout en mitraillant de mon appareil pour immortaliser ces lieux (je suis un fervent passionné des vielles pierres et anciennes demeures!)
Du coup, j'ai perdu de vue ma Céline... Et comme elle était devant moi, je considère donc qu'elle s'y trouve toujours. Mais ce que je ne sais pas encore et dont je n'ai pas pris conscience, c'est que j'ai loupé le ravitaillement du 24e km qui se trouvait là. Et Céline qui s'y trouvait donc...Et je me contente de mes petites gorgées d'eau qui me pèsent toujours sur l'estomac et je n'ai toujours pas faim...
Me voilà embarqué à ses trousses, dans une longue montée assez hard, sans bâtons (rangés au fond du sac...), où je ne me ménage pas, espérant l'avoir en ligne de mire. Nous passons du bas jusqu'au sommet de cette falaise impressionnante, traversons le village (Granges sur Baume et sa fromagerie où l'on fabrique le meilleur Morbier au monde, paraît-il). Sentier monotrace...toujours pas de Céline....
"Bon dieu, elle a sorti les bâtons et mis le turbo, c'est pas possible", me dis-je !!
Longer la falaise, pour rejoindre Beaume et bifurquer sur la petite route. Je mets la gomme....Toujours pas Céline..Pfffffff.. Y'a un truc qui ne colle pas...Et si...si elle était derrière moi ?? Ben oui, mais si j'attends et qu'elle est devant, je perds mon temps. Cruel dilemme.. Mais comme je sens mes mollets s'endurcir et mon estomac qui réclame, je me calme et m'alimente doucement.
Puis soudain, j'entends crier derrière : c'est Céline qui me rejoint!
"Ah, te voilà !!"
"Ben évidemment, je t'ai aperçu et n'ai pu te suivre, c'est malin"
"Ah ben oui, si on se court après, c'est bête" !!
On attaque alors une belle montée...Mais je pense que je me suis grillé dans cette folle poursuite. Mes mollets sont au bord des crampes..Je sors mes bâtons. Mince, un seul est utilisable, sur l'autre, un manchon s'est décalé, impossible de l'emboîter. tant pis, je ferai avec (ou sans...). Pendant ce temps, Céline prend la poudre d'escampette. Si elle se sent bien, tant mieux, qu'elle en profite...
Nous sommes alors environ au 30e km... Cette montée est longue et entrecoupée d'escaliers. Je suis à la peine et monte doucement, limite crampes...
Sermu, ravitaillement liquide du 32e. Il reste 15km, ça va pas être facile..
Là, on attaque une belle descente, ça va mieux pour moi, un peu de relâche...Je me détend ...Un peu de route, et à nouveau une longue montée en sentier encaissé et boueux. Ici commencera sérieusement mon chemin de croix et mon calvaire !!
A mi-chemin, je suis obligé de m'accorder une pause de quelques minutes, mes mollets et mes cuisses n'en peuvent plus. J'essaie de les soulager avec le seul bâton valide...Quelle galère...
Et ce sera ainsi pour la suite, alternance de marcher-trattiner, admirer le paysage (ah, un beau château..), prendre patience, sucer des pastilles de Sporténine.... et s'encourager intérieurement.
Passage près d'une ferme. "Plus que 5km et dernière côte", me lance une brave dame bénévole. J'espère qu'elle dit vrai.
Dernière difficulté, passage près de l'arbre mort et suivre le chemin qui monte au ciel. Plus loin, une chapelle, nous arrivons droit dessus.
"Mon Dieu, je suis là, ouvre-moi la porte de ton paradis"
"Non, entends-je, tu vas bifurquer à gauche et rejoindre l'arche"
"L'arche de Noé ? Pourtant ils n'annoncent pas le déluge...! Le ciel est bien dégagé."
"Mais non, idiot, l'arche de la délivrance. Tu y recevras le breuvage de Rouget qui te redonnera la vie......Pas éternelle, non plus, faut pas exagérer...!"
Alors, je me ressaisi, et à travers la dernière pâture, le dernier ravito au 40e km, je rejoins l'entrée de la ville.
Puis soudain, une grosse crampe qui se déclenche d'un coup sec à l'intérieur de ma cuise droite.
"Waouhhhhh, m....de !!" Je me retiens de crier tout haut, tellement ça fait mal! Impossible de poser le pied au sol... et cela dure pendant pendant 2 ou 3 longues minutes...puis ça passe lentement. Je me remets en route...sur la route. Là, c'est moins gai, mais il faut bien rejoindre l'arrivée.
Puis, coup de fil: c'est Céline; "Alors tu en es où, je t'attends..."
"Je passe à hauteur des Pompes funèbres, mais je n'ai pas l'intention d'enterrer maintenant ma vie de coureur..."
"Bien, alors tu vas arriver dans quelques minutes...Courage!"
Et voilà, un petit passage, deux trottoirs, les arcades et....l'arche !! Ouais, la délivrance, la voilà !!!
Pfffffff, ce fut quand même galère ce dernier tiers de course...
Céline est arrivée depuis une bonne demi-heure et pense avoir fait un bon résultat, en tout cas c'est ce qu'on lui a dit lorsqu'elle a passé la ligne.
Nous camperons devant le podium pendant quasi 1 heure avant d'avoir les résultats de la longue distance. On aurait eu le temps d'aller aux douches. Mais le temps est au beau fixe et on en profite.
Puis cela valait la peine : la plus haute marche du podium pour Céline, dans sa catégorie !!
SUPER !! Quelle belle revanche sur son année galère de 2017 et sa longue convalescence à traîner.
De beaux espoirs pour la suite.
Pendant ce temps, mes crampes se sont dissoutes, et mon estomac se remet doucement.
Alors, ce breuvage qui redonne la vie ?? On se la déguste cette Rouget-de-Lisle ?
Pensez-vous qu'il "jura" qu'on ne l'y reprendrait plus ?
Que nenni, il "Jura" bien de revenir ! Et ce sera chose faite début juin prochain à Mouthe pour la Trans'Ju !! Avec une revanche à prendre. Et de bons bâtons..
Résultat : 06:34:52 - 216e/305 classés - 33e V2
Céline : 05:54:12 - 135e - 6e dame - 1e V1 = PODIUM !!
Lons-le-Saunier, 05h00 de route, au cœur du Jura. Bien connue surtout par un de ses personnages célèbres, où il est né : Claude Joseph Rouget de Lisle (1760 - 1836), auteur de La Marseillaise.
Les Reculées, qu'est-ce donc ? Les reculées sont des vallées étroites et profondes bordées de falaises et de hautes parois abruptes qui se terminent en cul de sac et à la base desquelles on trouve toujours une grotte ou un réseau souterrain d'où sort une résurgence, donnant naissance à un cours d'eau qui occupe ensuite le fond de la vallée. Les reculées les plus spectaculaires se situent aux Planches-près-Arbois, à Baume-les-Messieurs, à Blois-sur-Seille et Ladoye-sur-Seille. (sce Wikipédia)
Et Beaume-les-Messieurs, se situe sur le parcours, au km24.
La météo s'annonce au beau fixe, ce qui n'est pas pour nous déplaire, avec cet hiver qui tire en longueur.
Arrivée sur la place centrale, Place de la Liberté, parking facile, tout près. Retrait des dossards, ça sent la belle organisation et la convivialité. T-shirt, tour de cou en cadeau. C'est rapide et sans chichis.
Ah, ben , nous sommes les 2 seuls belges sur cette distance...
Petit village trail, sympa. Nombreuses terrasses, prises d'assaut par ce beau temps.
Le podium : prémonitoire ? Jamais Céline n'aurait imaginé monter sur la plus haute marche !! |
Nous logeons dans un gîte de bonne facture, recommandé par l'organisation, à tarif avantageux, à quelques petits kms de là, à Conliège, où nous passerons d'ailleurs demain en courant (km 6).
Repas du sportif copieux (pâtes bolo) et petit café (trop corsé pour moi..). D'ailleurs, je dormirai très mal, digestion difficile. Ce n'est pas courant pourtant..
Réveil difficile à 05h30, petit-déj à 6h. Je n'ai pas très faim ....
Sur l'aire de départ vers 07h00. L'ambiance est bon enfant. Il fait relativement doux.
Le speaker fait monter l'ambiance, avec un échauffement collectif d'environ 10min, en compagnie de Casimir. C'est très gai, et ça permet de partir directement dans son rythme. Nous y participons activement. Un peu plus de 300 coureurs se pressent petit à petit vers l'arche de départ. Non, ce n'est pas la rouge, c'est la noire au bout de la ruelle..Ah, bon !
07h30: le départ est donné sous une pluie ... de paillettes. Enfin...pour les premières lignes, mais c'est l'intention qui compte.
D'abord roulant, en ville, pour rejoindre assez vite un joli parc, et nous zigzaguons en petit sentier, la 1er côte de Montaigu, prairie, et petit bois.
Nous arrivons assez vite au km6, à Conliège, où nous déambulons le long de vieux murs historiques pour arriver au premier ravitaillement près de l'église et la mairie. Ravito que nous zappons.
Le soleil monte gentiment et nous réchauffe de ses rayons ardents. Ah, enfin, un peu de chaleur !!
Nous rejoignons les bois, puis nouvelle montée jusqu'à s'enfoncer dans une muraille, qui nous amène sous la colline via un tunnel en pente, agrémenté de quelques marches...100, en fait ! En plusieurs paliers, et dans le noir complet... J'en profite pour "flasher" quelques photos, ce qui donne un peu d'éclairage pour se repérer..
La sortie donne sur un sentier montant, en tranchée (c'est pas Verdun, pourtant...😀), pour faire une boucle jusqu'à la "voie verte", une ancienne voie ferroviaire. En pente douce montante, puis 2 tunnels, puis on bifurque juste avant le pont métallique, vers le relief.
Un petit passage technique, suivi d'un long et agréable sentier en crête en forêt. Très belle vue sur la vallée.
Descente, montée, mono-traces, escaliers, falaises, ça s'enchaine bien et c'est très sympa. Notre rythme est bon, nous ne sommes pas gênés et pouvons nous régaler à notre guise !!
Ermitage, km 14, 2e ravitaillement. Là, nous sommes rejoints par le parcours des 34km. Ça fait tout de suite plus de monde..
La vue est belle sur la vallée. Ravito copieux et varié, j'en profite pour grignoter un peu. A chaque gorgée que je bois, cela me reste sur l'estomac et me donne le brûlant. C'est la première fois que cela m'arrive. Céline me dit que c'est le café qui était trop fort et/ou la sauce bolo trop grasse.... En attendant, cela me perturbe...
Finalement, le "peloton" s'étire assez vite, et nous abordons quelques passages plus larges qui nous permettent de doubler. Ben oui, ça roule bien... Cette portion se fait en crête, plus plate et plus roulante, mais avec de beaux passages variés.
Soudain, wouahhhh !! Une vue époustouflante, grandiose !! La reculée !! Nous passons tout en haut, à son extrémité "cul-de-sac" ! Je fais un arrêt photos.
Nous y plongeons alors via un escalier irrégulier, tournant et très glissant. Prudence sur cette belle descente, qui nous amène au pied d'une cascade du "tonnerre de Dieu" !!. Arrêt photos obligé, c'est trop beau !! Céline en profite pour prendre un peu les devants....
Nous longeons alors le cours d'eau mini-torrent, qui sort de la colline. C'est un sentier très rocailleux avec racines, c'est assez technique et glissant. Je me régale.
En fond de vallée, nous atteignons l'Abbaye de Baume les Messieurs (village classé comme l'un des plus beaux de France). Petit embouteillage à l'entrée, Céline me précède. Nous traversons un bâtiment via un escalier pour atteindre la cour de l'abbaye.
Je suis ébloui par la beauté des lieux, vois le panneau de séparation des parcours et m'engage donc vers la droite comme indiqué, tout en mitraillant de mon appareil pour immortaliser ces lieux (je suis un fervent passionné des vielles pierres et anciennes demeures!)
Du coup, j'ai perdu de vue ma Céline... Et comme elle était devant moi, je considère donc qu'elle s'y trouve toujours. Mais ce que je ne sais pas encore et dont je n'ai pas pris conscience, c'est que j'ai loupé le ravitaillement du 24e km qui se trouvait là. Et Céline qui s'y trouvait donc...Et je me contente de mes petites gorgées d'eau qui me pèsent toujours sur l'estomac et je n'ai toujours pas faim...
Me voilà embarqué à ses trousses, dans une longue montée assez hard, sans bâtons (rangés au fond du sac...), où je ne me ménage pas, espérant l'avoir en ligne de mire. Nous passons du bas jusqu'au sommet de cette falaise impressionnante, traversons le village (Granges sur Baume et sa fromagerie où l'on fabrique le meilleur Morbier au monde, paraît-il). Sentier monotrace...toujours pas de Céline....
"Bon dieu, elle a sorti les bâtons et mis le turbo, c'est pas possible", me dis-je !!
l'abbaye est là, tout en bas... |
Longer la falaise, pour rejoindre Beaume et bifurquer sur la petite route. Je mets la gomme....Toujours pas Céline..Pfffffff.. Y'a un truc qui ne colle pas...Et si...si elle était derrière moi ?? Ben oui, mais si j'attends et qu'elle est devant, je perds mon temps. Cruel dilemme.. Mais comme je sens mes mollets s'endurcir et mon estomac qui réclame, je me calme et m'alimente doucement.
Puis soudain, j'entends crier derrière : c'est Céline qui me rejoint!
"Ah, te voilà !!"
"Ben évidemment, je t'ai aperçu et n'ai pu te suivre, c'est malin"
"Ah ben oui, si on se court après, c'est bête" !!
On attaque alors une belle montée...Mais je pense que je me suis grillé dans cette folle poursuite. Mes mollets sont au bord des crampes..Je sors mes bâtons. Mince, un seul est utilisable, sur l'autre, un manchon s'est décalé, impossible de l'emboîter. tant pis, je ferai avec (ou sans...). Pendant ce temps, Céline prend la poudre d'escampette. Si elle se sent bien, tant mieux, qu'elle en profite...
Nous sommes alors environ au 30e km... Cette montée est longue et entrecoupée d'escaliers. Je suis à la peine et monte doucement, limite crampes...
Sermu, ravitaillement liquide du 32e. Il reste 15km, ça va pas être facile..
Là, on attaque une belle descente, ça va mieux pour moi, un peu de relâche...Je me détend ...Un peu de route, et à nouveau une longue montée en sentier encaissé et boueux. Ici commencera sérieusement mon chemin de croix et mon calvaire !!
Mon calvaire et mon chemin de croix ..:-) |
A mi-chemin, je suis obligé de m'accorder une pause de quelques minutes, mes mollets et mes cuisses n'en peuvent plus. J'essaie de les soulager avec le seul bâton valide...Quelle galère...
Et ce sera ainsi pour la suite, alternance de marcher-trattiner, admirer le paysage (ah, un beau château..), prendre patience, sucer des pastilles de Sporténine.... et s'encourager intérieurement.
Passage près d'une ferme. "Plus que 5km et dernière côte", me lance une brave dame bénévole. J'espère qu'elle dit vrai.
Dernière difficulté, passage près de l'arbre mort et suivre le chemin qui monte au ciel. Plus loin, une chapelle, nous arrivons droit dessus.
"Mon Dieu, je suis là, ouvre-moi la porte de ton paradis"
"Non, entends-je, tu vas bifurquer à gauche et rejoindre l'arche"
"L'arche de Noé ? Pourtant ils n'annoncent pas le déluge...! Le ciel est bien dégagé."
"Mais non, idiot, l'arche de la délivrance. Tu y recevras le breuvage de Rouget qui te redonnera la vie......Pas éternelle, non plus, faut pas exagérer...!"
Alors, je me ressaisi, et à travers la dernière pâture, le dernier ravito au 40e km, je rejoins l'entrée de la ville.
Puis soudain, une grosse crampe qui se déclenche d'un coup sec à l'intérieur de ma cuise droite.
"Waouhhhhh, m....de !!" Je me retiens de crier tout haut, tellement ça fait mal! Impossible de poser le pied au sol... et cela dure pendant pendant 2 ou 3 longues minutes...puis ça passe lentement. Je me remets en route...sur la route. Là, c'est moins gai, mais il faut bien rejoindre l'arrivée.
Puis, coup de fil: c'est Céline; "Alors tu en es où, je t'attends..."
"Je passe à hauteur des Pompes funèbres, mais je n'ai pas l'intention d'enterrer maintenant ma vie de coureur..."
"Bien, alors tu vas arriver dans quelques minutes...Courage!"
Et voilà, un petit passage, deux trottoirs, les arcades et....l'arche !! Ouais, la délivrance, la voilà !!!
La délivrance est au bout de la rue ! |
Pfffffff, ce fut quand même galère ce dernier tiers de course...
Céline est arrivée depuis une bonne demi-heure et pense avoir fait un bon résultat, en tout cas c'est ce qu'on lui a dit lorsqu'elle a passé la ligne.
Nous camperons devant le podium pendant quasi 1 heure avant d'avoir les résultats de la longue distance. On aurait eu le temps d'aller aux douches. Mais le temps est au beau fixe et on en profite.
Puis cela valait la peine : la plus haute marche du podium pour Céline, dans sa catégorie !!
Bouhhh, toute émue sur la plus haute marche...!! |
De beaux espoirs pour la suite.
Pendant ce temps, mes crampes se sont dissoutes, et mon estomac se remet doucement.
Alors, ce breuvage qui redonne la vie ?? On se la déguste cette Rouget-de-Lisle ?
Pensez-vous qu'il "jura" qu'on ne l'y reprendrait plus ?
Que nenni, il "Jura" bien de revenir ! Et ce sera chose faite début juin prochain à Mouthe pour la Trans'Ju !! Avec une revanche à prendre. Et de bons bâtons..
Résultat : 06:34:52 - 216e/305 classés - 33e V2
Céline : 05:54:12 - 135e - 6e dame - 1e V1 = PODIUM !!
Merci Bernard pour ce reportage "dans la course" qui nous permet de vivre ces émotions comme si on y était.
RépondreSupprimerRavis de vous avoir accueillis et procuré de telles sensations.
à bientôt j'espère
Bertrand Forget
Président ALL Jura Trail - organisateur du trail des Reculées